Il y a quelques jours, je suis allée écouter Pablo Servigne en conférence. À la fin, il a improvisé une petite méditation. J’ai envie de la partager avec vous et je vous invite à la lire à voix haute à vos enfants, et/ou à demander à une personne chère qu’elle vous la lise pour que vous puissiez en profiter.
La voici:
Installez-vous confortablement, les pieds en contact avec le sol. À votre aise, fermez les yeux, prenez une respiration profonde, et commencez à vous visualiser comme un arbre. Votre tronc est costaud, vous maintient bien solidement. À l’intérieur, vous sentez votre bois, la sève qui y circule. Vous sentez aussi votre écorce, épaisse, protectrice. Vous sentez vos branches, qui se divisent en ramifications de plus en plus minces, fines, et enfin vous sentez vos feuilles, tout au bout, qui dansent doucement au vent.
Prenez une grande inspiration de CO2. Mmmmh, c’est bon. Expirez ensuite profondément votre oxygène. Vous sentez votre bois se vivifier par ces respirations profondes. Vous apercevez des êtres humains à votre pied. Vous êtes heureux de leur offrir tout cet oxygène. Vous les regardez, là, tout en bas. Il y a des enfants. C’est une famille qui joue à vos pieds. Vous les entendez crier, ils sont heureux, ils rient. Un garçon fait bondir un ballon sur votre écorce, vous le faites rebondir.
Vous sentez le soleil sur vos feuilles, vous le remerciez. Grâce à lui, vos milliers de feuilles font la photosynthèse avec leur savoureuse chlorophylle. Vous êtes bien nourri. En bas, les enfants continuent de jouer, ou se reposent dans votre ombre.
Descendez maintenant dans vos racines. Les ramifications en sont aussi nombreuses que vos branches, elles vous ancrent. Et elles aussi, elles vous nourrissent. Vous les sentez, blotties dans cette terre douce et chaude, pleine de vers de terre, de cloportes, de tant d’autres petites bêtes. Vos racines les plus fines sont couvertes de mycélium, un petit champignon microscopique qui vous sert de téléphone : avec lui vous communiquez avec vos copains arbres, vos voisins arbres. Vous vibrez avec eux. Vous ressentez leurs émotions, leurs douleurs, leurs joies, comme si le mycélium était une messagerie whatsapp.
Continuez à respirer profondément, à bien sentir s’étirer votre bois à chaque mouvement. Et puis concentrez-vous maintenant sur vos habitants : peut-être qu’un petit scarabée remonte le long de votre tronc et que ça vous chatouille un peu. Peut-être qu’une petite écureille prend soin de ses petits dans l’une de vos cavités, où elle s’est installée. Ça ne vous fait pas mal : un écureuil, c’est chaud et doux. Quand elle monte et qu’elle descend chercher des noisettes pour ses bébés, ça vous chatouille aussi. Vous sentez les petits s’agiter et jouer ensemble dans votre petite cavité. C’est rigolo.
Et puis sur vos branches, il y a des oiseaux. Des moineaux, des mésanges, des merles qui viennent se poser, chanter, puis repartent. Un couple de tourterelles vit sur l’une de vos hautes branches, bien à l’abri des chats qui n’osent pas grimper jusque-là. Ils sont très amoureux l’un de l’autre. Vous sentez le poids plume du nid dans lequel la femelle couve ses œufs tandis que le papa la nourrit en va-et-vient. Vous vous sentez utile, à votre place, du fin fond de vos racines les plus fines jusqu’à l’extrémité de vos branches et de vos feuilles. Vous recevez de l’air, du soleil, de la terre, tout ce dont vous avez besoin, et à votre tour vous donnez un abri sûr à plusieurs vies et de l’oxygène aux êtres vivants.
Vous êtes heureux d’être là, maintenant. Tout est à sa place. Vous continuez à respirer calmement. Vous pouvez lentement étirer vos branches, votre tronc, vos racines. Et tout doucement, quand ce sera le bon moment pour vous, vous pourrez doucement rouvrir les yeux.
Chers arbres, j’espère que cette petite méditation vous a plu !
Isabelle
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